Publié le 23 octobre 2023
Président de la Fédération France greeters (FFG), Jonathan HUFFSTUTLER pense aussi que la technologie peut (et devrait) servir les territoires et faire du lien. Il s’implique donc à construire au sein d’EONA-X un espace européen de partage des données du tourisme, de la mobilité et des transports (mais pas que). Il a vécu « de l’intérieur » l’expérience lancée par Spirit of Dunkerque, l’office de tourisme grand format de la ville. C’est pourquoi je lui ai demandé de nous raconter ici cette aventure innovante aux multiples facettes.
Lecteur assidu de ce blog, je ne pensais pas avoir la chance d’écrire ces lignes, mais la chance justement a fait que cet été, je suis devenu le fier détenteur du NFT légendaire de la collection lancée par l’Office de Tourisme de Dunkerque, Spirit of Dunkerque. Au-delà de la découverte plus approfondie des possibilités offertes par ce fameux Web3, dont nous parlent Guillaume et Gallic, je souhaitais apporter ma contribution en partageant avec vous l’expérience exclusive que j’ai vécue. J’espère que ce témoignage pourra inspirer d’autres initiatives semblables.
Petit rappel pour ceux qui se demandent ce qu’est un NFT : il s’agit d’un jeton non fongible, une unité unique et indivisible sur la blockchain. Contrairement aux cryptomonnaies comme le Bitcoin ou l’Ethereum, les NFT représentent des actifs numériques uniques, comme des œuvres d’art numériques ou des biens virtuels. Cet été, A l’approche de la première édition de la coupe du monde de kitesurf à Dunkerque, l’Office de Tourisme, accompagné de l’agence Wytland (spécialiste du web3) ont organisé un concours avec quizz sur ce sport et petits challenges (comme créer son “wallet”). Passionné de cerf-volant et intrigué par cette initiative novatrice, j’ai décidé de soutenir le projet. Ce fut l’occasion pour moi de faire mon tout premier achat en cryptomonnaie (équivalent à 59€) en l’occurrence en MATIC, une devise de la blockchain Polygon. Un tirage au sort (toujours sur la blockchain) permit de révéler, comme une pochette surprise, quelle œuvre nous avions achetée.
Qui dit œuvre d’art, dit artiste. Ce que j’ai apprécié, c’est de découvrir le travail de Mikko Umi, un artiste français basé à Malo-les-Bains, qu’on retrouve un peu partout sur les murs (et même les bus) de l’agglomération dunkerquoise. Mikko a débuté sa carrière artistique avec le graffiti au début des années 1990, avant de se tourner vers la sérigraphie et les logiciels de création graphique. Aujourd’hui son travail allie l’illustration numérique, la création graphique et la peinture murale, et il collabore avec des entreprises et des collectivités du monde entier.
La collection des NFT qui décoiffent n’est éditée qu’à 20 exemplaires, aux noms de figures de kitesurf :
Mais ce qui réellement ajoutait de la valeur à ces NFT, ce sont les nombreux avantages réservés aux détenteurs de ces NFT dont bien sûr le “Légendaire” Handless Man en ma possession était le plus prestigieux :
- Accès à des activités (cours de kite, balade en J80, char à voile…)
- Locations de matériel (paddle, VTC…)
- Réductions sur les sorties en voilier
- Entrées dans les principaux lieux culturels de la ville
- Plusieurs offres sur la restauration et dans des cafés
- Pass duo pour un concert de Selah Sue + 2 boissons
- Accès VIP à la Coupe du Monde de Kite Surf à Dunkerque (nous avons notamment assisté à la compétition à bord d’un zodiac, au plus près des riders)
- Nuit dans un hôtel 4 étoiles avec vue sur la mer
- Sans oublier une montagne de cadeaux (équipement, produits locaux…)
Bref… décoiffant. Me voici parti à la hâte profiter de ce prix lors d’un week-end fabuleux avec une équipe de l’OT aux petits soins. Voulant mieux comprendre les coulisses du projet voici 3 courtes interviews que j’ai pu réaliser sur place.
Eva Strzelczyk, Chargée de Communication Presse et Numérique de Spirit of Dunkerque nous explique les coulisses du projet
Bonjour Eva. Je tiens tout d’abord à te remercier pour nous donner un aperçu des coulisses du projet des NFT qui décoiffent à Dunkerque. Peux-tu nous en dire un peu plus sur cette initiative novatrice ?
Bien sûr, avec plaisir ! Le projet des NFT qui décoiffent a été réalisé en collaboration avec l’agence Wytland, spécialisée dans le Web 3 et les NFC. Notre objectif était de créer une collection de NFT axée sur le thème du vent, en mettant particulièrement l’accent sur les sports nautiques, en particulier le kitesurf. L’idée principale était de dynamiser notre région et de cibler une audience plus jeune, une tâche qui s’avère parfois difficile.
Pour nous, il s’agissait également d’explorer un nouveau canal de communication. Cette initiative est une première pour nous, une phase d’expérimentation et d’apprentissage pour les années à venir. Nous la considérons avant tout comme un moyen de communication innovant, plutôt qu’une source de revenus.
Est-ce que vous avez travaillé avec des acteurs locaux pour animer le territoire ?
Oui, absolument. Nous avons collaboré avec divers partenaires et acteurs locaux pour assurer le succès de cette initiative. Notre objectif était de toucher un large éventail de prestataires, notamment les bases nautiques, les hôtels, les restaurants, ainsi que les marques locales engagées. Avant de lancer la collection, nous avons entamé des discussions avec ces prestataires et partenaires pour les inclure dans le projet.
Nous avons travaillé en étroite collaboration avec des hôtels quatre étoiles de notre région, ainsi qu’avec les bases nautiques, les écoles de voile, et les écoles de char à voile. Notre intention était de ne laisser personne de côté, en mettant en avant diverses activités sur notre territoire, telles que le char à voile et la voile sur des bateaux de douze mètres. Cette phase de rencontres a été essentielle pour établir des partenariats solides, même si notre région est vaste et qu’il est impossible de connaître tout le monde.
Nous sommes extrêmement satisfaits des premiers résultats obtenus, et nous remercions tous nos partenaires pour leur précieuse collaboration.
Enfin, as-tu un conseil à donner à d’autres destinations touristiques qui souhaiteraient se lancer dans un projet similaire ?
Certainement, je dirais qu’il est essentiel d’avoir toujours un plan B. Au cours de ce projet, nous avons rencontré des situations où certains partenaires, bien qu’initialement enthousiastes, n’ont pas pu aller jusqu’au bout. Il est crucial de prévoir des alternatives en cas de désistement. Il peut être nécessaire d’ajuster la collection pour s’adapter aux circonstances, privilégiant toujours la qualité sur la quantité.
Gardez également vos objectifs en tête, même si cela signifie réduire légèrement la portée de la collection. Il est important que les partenaires soient à la hauteur de vos attentes pour garantir le succès de l’initiative.
Interview de Charles Denys, Partenaire local du NFT qui décoiffe
Bonjour Charles, je voulais te remercier pour le cadeau, ces lunettes que j’ai reçues en arrivant à l’hôtel. Pourrais-tu nous en dire plus sur la marque Risen et comment vous vous êtes retrouvés impliqués dans ce concours des NFT qui décoiffent ?
Bien sûr ! Rysem est une marque éco-responsable basée à Dunkerque. Nous l’avons lancée en octobre 2018 à la suite d’un cours de communication. Au départ, c’était un projet d’étude sur la promotion d’un t-shirt, mais nos professeurs ont encouragé cette idée, voyant un réel potentiel. Nous avons transformé ce projet en une entreprise concrète, soutenue par la Chambre des Commerces et de l’Industrie de Lille à travers le projet F3, destiné aux entreprises durables. Nous avons même remporté un prix pour cette initiative.
Nos produits sont éco-responsables. Nos t-shirts sont en coton bio à 100%, et nos sweats contiennent 80% de coton bio et 30% de polyester recyclé. Ils portent divers labels que l’on peut retrouver sur notre site. Nous avons également un t-shirt 100% Hauts-de-France, un symbole de notre engagement à sensibiliser les gens à notre patrimoine local. Une partie des bénéfices de ces ventes est dédiée à la rénovation de ce patrimoine. Nous sommes également engagés dans la lutte contre la pollution plastique en collaboration avec des associations locales.
Concernant notre implication dans le concours des NFT qui décoiffent, c’est une belle aventure. Nous souhaitons participer à créer une communauté engagée. L’objectif qu’on a senti avec ces NFT et la plateforme de Wytland c’est de maintenir le lien avec cette communauté tout au long de l’année, de la faire revenir à chaque événement et de préparerd’autres événements dans le même esprit. Nous comptons sur nos ambassadeurs, comme Julien, un DJ, pour organiser des live streams et aider à animer la communauté.
Nous sommes plutôt fiers d’être impliqués au Summer of Kite à Dunkerque pour les quatre prochaines années. Si tout se passe bien, nous envisageons par la suite de rester impliqués dans le milieu du kite surf pendant 10-15 ans. Après ces quelques jours, c’est ce que nous espérons.
Maximilien Meyer, Fondateur de KitePlanner, détenteur d’un NFT “Dead Man” :
Bonjour Maximilien, on vient de descendre du zodiac entre deux épreuves. Nous avons vu un aperçu de la compétition, la demi-finale vient de se terminer. C’était top de la voir d’aussi près. Pourquoi as-tu décidé de participer au concours des NFT qui décoiffent ?
Je suis ravi d’avoir participé au concours des NFT qui décoiffent. C’est une initiative vraiment intéressante, assez rare surtout de la part d’un office de tourisme. C’est quelque chose d’innovant, du moins c’est la première fois que je vois ça. Je trouve particulièrement génial de combiner le côté web 3 et blockchain avec quelque chose de tangible comme le kitesurf, un sport très proche de la nature. C’était aussi une bonne occasion pour moi de prendre un peu de vacances et de mêler tout cela. Je viens du Finistère Nord à Morlaix, une belle région. Je pratique le kitesurf depuis trois ans, débutant sur une plage près de Brest, dans une excellente école. Depuis, je suis passionné par ce sport, j’en fais dès que j’ai l’opportunité et participe à des événements quand je le peux.
Tu aimes aussi la technologie, car tu as créé une application dédiée au Kite surf. Peux-tu nous en dire un peu plus ?
Oui, en effet, j’ai développé une application appelée simplement « KitePlanner ». En tant qu’ingénieur informatique, j’ai conçu cette application pour faciliter la vie des passionnés de kitesurf. Cela permet de ne plus avoir à constamment vérifier les prévisions météo de son spot, ce qui peut être très chronophage étant donné que les conditions changent fréquemment. Avec Kite Planner, tu entres ton matériel et tes préférences de spot, et l’application surveille les prévisions météo pour toi. Elle te dit quand c’est le moment idéal pour partir kiter.
Tu viens de découvrir Dunkerque grâce à cette compétition. As-tu des projets pour la suite ?
Oui, nous avons découvert Dunkerque grâce à la compétition, et je dois dire que c’est une superbe destination pour le kitesurf. Pour ma part, on en parlait sur le bateau, je ne vais pas revendre le NFT que j’ai acheté. Ce n’est pas une question de valeur spéculative pour moi. Je le considère plutôt comme un souvenir de cette expérience et un moyen de faire partie d’une communauté de passionnés. Nous sommes venus de Bretagne spécialement pour cette compétition, et comme elle doit avoir lieu chaque année pendant 5 ans, il est fort probable que nous revenions ici !
Que retenir de ce premier projet NFT porté par un Office de Tourisme ?
S’il semble qu’il était rassurant pour Spirit of Dunkerque d’être accompagné par une agence comme Wytland pour ce projet, on peut assez facilement imaginer d’autres applications de ces NFT à partir du moment où l’on ne considère pas seulement l’image numérique mais aussi les prestation exclusives qui peuvent être attribuées à leur détenteur.
Un NFT peut servir de badge, pour former une communauté engagée (ambassadeurs, ou pour récompenser les followers de ses réseaux sociaux). C’est aussi comme une carte postale, un souvenir fait par un artiste local. Le NFT c’est un certificat, comme un voucher touristique (mais avec la particularité de pouvoir être revendu sur un marché secondaire) ou pourquoi pas pour authentifier des porteurs de labels…
Quant à des passerelles NFT- bon en monnaies locales, ce qui faciliterait la recherche de partenaires locaux, très chronophage dans le cas de ce concours, il n’y a qu’un pas.
Si l’aspect “technique” web3 peut sans doute décourager certains visiteurs, la France arrive en tête du nombre de détenteurs de crypto-monnaie dans l’Union européenne (soit 4 millions de français). De plus cela répond aux habitudes de ces “digital natives” que sont la génération Z, qui entrent sur le marché du travail…et prennent leurs premiers congés payés !
Author: Jennifer Hernandez
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